Ainsi causait Zarathoustra

Publié le par eric marquez

En voilà un génie dont le boulot a été détourné, compris de travers, décrié, comme rarement. Pour finir, le gars est mort de la syphilis mais on a prétendu qu'il était juste devenu fou. Bref, ce pauvre type était vraiment con-cerné...

J'ai connu beaucoup de gens qui ont lu tout Nietzsche, qui en parlent avec aisance et détachement, genre : "Ouais, Nietzsche, je connais, y’a des trucs bien, mais blabla blabla..." Ces gens-là me trouent les oreilles. Alors je vais faire pareil, hé hé hé.

 

Personnellement, j'ai rencontré Zarathoustra (un des bouquins de mon poto Friedrich) à Marseille, chez un bouquiniste, en juillet 1998. La France venait d'acheter la coupe du monde de balle au pied, et j'allais avoir 26 ans (or 2+6 = 8, et si on ajoute seulement 1, ça fait 9, or "Nietzsche", c'est 9 lettres... Troublant, n'est-ce pas ?) Il poireautait dans un rayon, l'air navré, esquiché entre "Les lettres de mon moulin", et un San Antonio. Nom d'un chat, moi qui cherchait justement du Nietzsche sans réellement chercher mais tout en cherchant un peu ; j'avais vraiment le cul bordé de tortellinis !

A l'époque, on parlait franc, aussi ais-je interpellé sans façon le vendeur, et pour deux francs, donc, j'ai emporté Zarathoustra, tranquille.

J'ai lu d'une traite de 6 mois les 30 premières pages, jusqu'au chapitre "Des trois métamorphoses" (Comment l'esprit devient dromadaire, puis tigresse, puis mioche), puis j'ai décidé de revenir à des lectures qui m'étaient plus accessibles, comme "Oui Oui et la trottinette magique" ou encore "Le Monde Diplomatique".

Mais à peine 7 ans plus tard, à 33 ans (or 3x3 = 9... Troublement troublant), j'ai retrouvé mon Zarathoustra qui poireautait, l'air super navré, esquiché entre un Fluide Glacial et un Narguilé (or "Narguilé" commence par un N et ne contient pas 9 lettres et... bon ok j’arrête.)

Bref, toute cette introduction pour finalement vous envoyer des morceaux d'"Ainsi parlait Zarathoustra" en travers de la gueule, et tout ceci afin de décider vraiment ceux qui l'étaient déjà à lire du Nietzsche.

C'est tipar, les djeuns !

 

"Un peu de poison par ci par là : cela donne des rêves agréables (...) Chacun veut la même chose, chacun sera pareil, celui qui sentira les choses autrement, ira volontairement à l'asile d'aliénés."

"Pour eux, est vertu, ce qui rend modeste et docile : ainsi ont-ils fait du loup un chien et de l'homme lui-même, le meilleur animal domestique de l'homme."

"Ils ont même empoisonné les mots."

"L'Etat, c'est ainsi que s'appelle le plus froid des monstres froids et il ment froidement, et le mensonge que voici sort de sa bouche : Moi, l'Etat, je suis le peuple." "J'appelle Etat le lieu où le lent suicide de tous s'appelle "La vie" (...) Regardez-les moi ces superflus, ils volent les oeuvres des inventeurs et les trésors des sages : leur vol, ils l'appellent culture (...) Toujours ils sont malades, ils vomissent leur bile et c'est ce qu'ils appellent leurs journaux (...) Ils acquièrent des richesses et en deviennent plus pauvres. Ils veulent la puissance et avant tout le levier de la puissance, ils veulent beaucoup d'argent, ces impuissants !"

 

"Quel est ce grand dragon que l'esprit ne veux plus appeler ni maître, ni dieu ? "Tu dois", tel est le nom du grand dragon."

 

"J'aime la forêt. On vit mal dans les villes : il y a trop d'humains en rut (...) Regardez-les-moi, ces hommes : leur oeil le dit bien - ils ne connaissent rien de meilleur sur terre que de coucher avec une femme (...) Si vous étiez tout au moins des animaux accomplis. Mais l'innocence fait partie de l'animal.
Vous conseillais-je de tuer vos sens ? Je vous conseille l'innocence des sens.
Vous conseillais-je la chasteté ? La chasteté est chez quelques-uns une vertu, mais chez beaucoup, elle est presque un vice."

 

"Es-tu un homme qui a le droit de souhaiter avoir des enfants ? Es-tu le victorieux, le dominateur de toi-même, le maître de tes sens, le seigneur de tes vertus ? Voila ce que je te demande. Ou est-ce l'animal ou le besoin animal qui parlent dans ton souhait ? Ou bien l'esseulement ou la discorde avec toi-même ?
(...) Votre amour pour la femme et l'amour de la femme pour l'homme : ah ! que n'est-il pas compassion pour des dieux souffrants et voilés ! Mais la plupart du temps, seulement, il n'y a que deux animaux qui se devinent."

 

"Vous tous qui aimez le travail acharné et tout ce qui va vite, tout ce qui est neuf et inconnu, - vous vous supportez mal, votre assiduité n'est que malédiction et volonté de vous oubliez vous-mêmes. Si vous croyiez davantage en la vie, vous vous donneriez moins a l'instant. Mais pour attendre vous n'avez pas en vous suffisamment de contenu - et vous n'en avez pas même assez pour la moindre paresse !"

 

"C'est autour des inventeurs de valeurs nouvelles que tourne le monde, il tourne de façon invisible. Mais la foule et la gloire tourne autour des comédiens : tel est le cours du monde."

"L'homme est une corde tendue entre l'animal et le surhumain* (...) Il est un pont et non un but."
* Le surhumain n'est pas le terme extrême d'une évolution biologique mais l'aboutissement volontaire de l'homme tel qu'il a échappe au flux de l'histoire ou de l'évolution biologique (Introduction, G.-A. Goldschmidt)

 

"Tout se brise, tout est redisposé ; éternellement se construit la même maison de l'être."
"(...) il en va de l'homme comme de l'arbre. Plus il veut s'élever vers les hauteurs et la clarté, plus ses racines plongent dans la terre, vers le bas, dans les ténèbres et les profondeurs, - dans le mal. (...) Cet arbre croît ici, solitaire dans la montagne : il s'est élevé loin au-dessus des humains et des animaux. Et s'il voulait parler, personne ne pourrait le comprendre : si grande est la hauteur à laquelle il s'est élevé."

"L'enfant est innocence et oubli ; un recommencement, un jeu, une roue roulant d'elle-même, un premier mouvement, un "oui" sacré (...)

"Ainsi parlait Zarathoustra. Et en ce temps il séjournait dans une ville appelée : "La Vache multicolore.""

Publié dans BLABLA

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